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Eloge de la balle...

Publié le par Bertocchio

"Eloge de la balle" - 1440 x 900 pixels

Soirée confidence donc : " J'ai le méchant défaut de me voir trop beau. Trop grand, bref je suis un peu mégalo... Quel rapport avec la balle ?

Mon grand-père, un homme fort discret et pas très rigolo, avait une passion qui illuminait son quotidien : le rugby. Une passion à laquelle il n'a jamais renoncé, jusqu'à supporter la présence des présidents de la droite française qui serraient les paluches des 30 joueurs avant un match international... Un comble pour ce communiste qui connut les ravages provoqués par nos démocraties libérales en Afrique du Sud, au Maroc et aux Etats-Unis entre 1942 et 1944... Il vitupérait contre ces capitalistes responsables de cette guerre qui l'a marqué jusque dans ses chairs... Il y avait cependant une limite à sa haine profonde des hommes de droite : le rugby.

Pour lui rendre hommage, il avait en fait 2 passions : le rugby et les maths. Mais cette 2ème, je ne l'ai jamais partagé ... trop abstraite... pas assez conviviale... :-). Et pourtant, j'ai eu à en subir les dommages collatéraux : maths le mercredi après midi, le samedi après midi et le Dimanche bien sur, même le jour de l'an (8 heures au 1er janvier 1978... :-( ). Une nuit, il a même rêvé la solution d'un de mes problèmes d'algèbre... :-( . J'ai jamais su si j'en éprouvait du respect ou une frousse incroyable à la pensée qu'il rêvait de...maths.

Pourtant, il y avait des moments de grâce, comme les rencontres France-All blacks, pour lesquelles on rangeait les droites, les équations et on parlait enfin. Il me transmettait les valeurs de son rugby, celui qu'il aimait et que j'aime toujours... peut être plus aujourd'hui avec le temps qui est passé...

Un après-midi, il avait réuni autour de lui quelques jeunes dont je faisais partie, pour l'unique leçon de rugby qu'il me donna sur un terrain... La sanction fut rapide : à trop garder la balle, à force de jouer perso, je passais plus de temps à terre et sous les autres qu'à courrir avec les autres... Plus je me heurtais à la phalange adverse, plus je voulais réussir l'exploit de mener seul le ballon dans l'embut adverse... et plus je mordais la poussière. Les larmes sont venues, le découragement aussi... Mon grand père m' a regardé, son visage n'était pas comme d'habitude, le timbre de sa voie a gravé ces mots dans ma mémoire : "Eh! si tu fait pas la passe..., il faut faire la passe!"

J'ai donc appris deux choses essentielles :

- On peut avoir des ennemis mais il y a des limites à ne pas dépasser. Il est bon de faire la passe même aux plus enragés des capitalistes... :-).

- On ne fait rien sans l'autre et à trop se voir trop beau on mord la poussière. Faire la passe est une façon de sortir d'une impasse dans notre trajectoire de la vie, comme dans notre trajectoire sur le terrain. Je continue donc à faire la passe en ajoutant des liens parce que je rebondis grâce à vos blogs et trouve de nouvelles sources d'inspiration...

J'aime toujours voir un match à la télé... Je me bouche les oreilles lors des pubs, je ferme les yeux lorsque je vois bling bling, mais je garde l'esprit : pas d'insultes. Et puis... et puis il y a toujours des moments de grâce car les joueurs, au foot comme au rugby, "ont des yeux derrière la tête, des mains à la place des pieds et des pieds qu'on dirait des mains" Françoise Giroud. Il y a ces moments rares ou le joueur oubli les millions et les sponsors ; ces instants fugaces où l'on oubli les commentateurs à la con, les hooligans imbéciles... ces instants magiques de passe en aveugle où la balle est transmise sans voir l'équipier, simplement parce que l'on sait que l'autre est là...

Je vous souhaite à tous d'excellents moments rares pendant cet euro 2008 chez nos amis Suisses et Autrichiens.... A toi cathy, la passe.

Un peintre du foot : Nicolas de staël

http://www.artsimages.com/BIOGRAPHIES/destael.htm (je n'ai pas retrouvé le tableau "Le parc des Princes" si vous avez un lien, communiquer le SVP)

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